La charmante petite ville de Banff tient chaque année un festival de films de montagne. On dit montagne mais finalement c'est plein air, aventure. Ils nous font la joie de traverser le pays pour nous présenter les bijoux découverts lors de l'événement principal. Quelques films gagnants, mais aussi des coups de coeur. Des amis m'ont fait découvrir la tournée du festival et j'en suis devenue accro. Chaque année c'est un rendez-vous obligé. Je vous fais un résumé de ma soirée.
D'abord Balance, un film de ski. C'est obligé, il y en a toujours un présenté durant la tournée. Sommets enneigés, poudreuse et surtout skieurs aguerris. Des sauts impressionnants, des prises de vue à couper le souffle et une belle démonstration de dominos avec les 400 cassettes ayant servi au montage en guise de générique. Mais bon, un film de ski souvent ça ressemble à mon avis à des ados attardés qui ont laissé leur cerveau en bas des pistes.
Trial and error. Déjà on tombe plus dans mes cordes. Ryan Leech, un maniaque de vélo de montagne, prend son vélo et la caméra pour tenter de protéger un bout de son terrain de jeu en Colombie-Britannique. Il élabore un parcour dans une luxuriante forêt menacée de coupe à blanc et tente de sensibiliser les autorités à sa cause. Mais si vous aviez vu le parcours... À ce jour, si les arbres sont encore debout, il est le seul cycliste capable de le compléter. C'est une bête d'équilibre et de coordination. Chapeau!20 seconds of joy. Karina Hollekim, une jeune femme norvégienne, est amoureuse du ski depuis son enfance. Elle sacrifiait tout pour la glisse. Puis de fil en aiguille a tenté le parachutisme. Ça n'était pas tout à fait ça. Elle a rencontré un basejumper et l'a impressionné à son premier saut. Il l'a prise sous son aile et a tenté de lui montrer tout ce qu'il connaissait. Le basejump, c'est sauter de n'importe quelle structure, naturelle ou pas, suffisamment haute pour permettre l'ouverture d'un parachute et un atterrissage sécuritaire. Les basejumpers laissent le sport pour habituellement une de ces trois raisons: durant un saut ils ont suffisamment peur pour se convaincre d'arrêter, durant un saut ils se blessent assez gravement pour que ça les empêche de resauter, ou troisièmement ils meurent en pratiquant leur hobby. À moi ça paraît déjà un thrill suffisant. Pas pour Karina. Elle a tenté de repousser les limites de son sport de plusieurs façons. Je me souviens d'avoir vu un film qui portait strictement sur un des défis qu'elle s'était lancé, sauter de la Main de Fatima, une structure rocheuse du Mali. L'histoire avait un peu mal tourné, sans avoir de conséquence trop fâcheuse.
Ensuite ça a été sauter avec des wingsuits, qui permettent de planer plus près des parois. Puis sauter avec des skis aux pieds, ce qui complique sensiblement les manoeuvres en raison de la charge supplémentaire et de la prise dans le vent. Paraît qu'à faire des sauts simples et sécuritaires on finit par s'ennuyer. Pas assez d'adrénaline. Et à force de jouer avec le feu on se brûle! C'est cette histoire qui nous est racontée, agrémentée d'extraits d'entrevues avec ses proches et un psychologue sportif ancien basejumper. Intéressant à tout les points de vue. Les images, le personnage, le traitement, et un lien direct avec mon boulot.
Entropy. Un autre film d'ados attardés qui font des folies sur une planche... Mais cette fois-ci en snowkite. Une planche à neige tirée par une voile. Ça a l'avantage de pouvoir se faire sur un terrain plat et les vitesses atteintes sont convaincantes. Ils ont eu la brillante idée d'ajouter des demi-lunes et autres bosses et ils s'inventent ainsi des jeux avec le vent.
King lines. Chris Sharma, un grimpeur, a consacré les neuf dernières années de sa vie à choisir les parois les plus difficiles partout sur le globe et en réussir l'ascension. Dans King lines, il s'attaque à un genre de rocher percé dans la Méditérannée. Son objectif, grimper la paroi la moins abrupte de l'arche, presque totalement en surplomb, pour pouvoir crier victoire au sommet. Sa façon de procéder : aucun harnais ni corde. Il tombe à l'eau à chaque fois et doit reprendre du début. Il consacrera des mois entiers à étudier la voie, s'acharnera à grimper jusqu'à la réussite. Cherchez-vous un modèle de persévérance? Bon c'était pas nécessairement désagréable de le regarder grimper non plus...The aerialist. Dean Potter, un grimpeur perd son mentor au peak de son développement suite à une chute mortelle. Comme une obsession, le fantôme de son ami le suit dans ses grimpes, basejumps et marches en hauteur. Il tente de se rapprocher de ce que l'homme ne pourra jamais faire, voler, et ne se donne aucun droit à l'erreur. Il fait presque tout sans harnais et risque sa vie à chaque performance. On aurait été plusieurs dans la salle à l'envoyer consulter en psychiatrie. La performance physique et les images valaient tout de même de sortir la caméra.
In-flux. Du kayak d'eau-vive extrême. De l'île de la Réunion au Canada en passant par la Norvège et l'Italie, sur une trame sonore reggae, 4 joyeux lurons s'en donnent à coeur joie de cascade en cascade dans tous les sens du terme.
Ain't got no friend on a powder day. Deux skieurs, un debout, l'autre assis, sur une même montagne aux flans escarpés. Le ski adapté je connais un peu. Je ne pensais jamais que c'était aussi polyvalent et que les plus hauts sommets pouvaient devenir accessibles aux skieurs avec un handicap. J'ai vraiment été impressionnée. Un petit clip de 4 minutes bien sympa pour clotûrer la soirée.
Je vous épargne l'aventure en soi que ça a été de me rendre à la salle à l'autre bout de la ville alors que les rues étaient glacées.